jeudi 14 mai 2009

Le Futur n'a plus la cote : vive l'avenir !

Hier après-midi, au boulot.
Réunion d'information dans une salle de conférence sans fenêtres.
Ça bourdonne sec autour de moi : les laptops, l'aération, le projecteur, la voix zozotante d'un chef quelconque, même mon sang s'y met et bat son ronron dans mes tempes.
Les yeux mi-clos, je glisse lentement dans une espèce de torpeur narcoleptique. Je me dépars des informations les plus fraîches, genre où suis-je, que fais-je là, qu'est-ce que j'ai foutu la semaine dernière, le mois dernier, quand sommes-nous...
Je garde quand même une amarre dans la "réalité", un pied dans la porte si je ne veux pas prendre celle de mon employeur. Mais c'est un fil ténu, le strict minimum pour faire impression - impression d'être là et d'écouter.

Soudain, une date sur l'écran éblouissant. Un powerpoint d'échéances à respecter.
Février 2010.
Un instant, un bref instant, je vois le Futur, le vrai, celui de Temps X (pour ceux qui s'en souviennent) et des combinaisons brillantes, celui des fusées, des robots et des inquiétants soleils verts, celui des odyssées de l'espace, des monades urbaines, des utopies fascisantes ou des cauchemars écologiques, le Futur avec un grand F. Alors je me réveille pour de bon car, apparemment, on parle de science-fiction, et ça c'est mon truc !
Las ! Aussi vite, mon horloge interne se met à tourner à la manière d'une machine à sous, ou d'un chronographe à la H.G. Wells, et en quelques secondes une date tombe, cling cling : 13 mai 2009. Ce n'est pas le jackpot, mais ça l'aurait été il y a vingt-cinq ans, quand j'aurais donné mes 21 volumes de "Tout l'Univers" pour voir comment ce serait, le XXIème siècle.
J'y suis venu. Je vois. Pas vraiment (con)vaincu.

Pas de bandes de droogies avec leurs chapeaux melon, leur cannes et leur argot.
Pas d'autodafés de bouquins, ni de clonage industriel (pas encore...), ni de vacances sur Mars.
Pas de guerre contre les machines. Pas de réplicants fugitifs, ni de punkettes androïdes.
Pas de crânes luisants d'êtres beaux, intelligents et asexués, en vêtements acryliques moulant.
En fait, on retrouve les mêmes têtes qu'en 1985, coiffures à part. Les blue-jeans ont changé de coupe, mais ce sont toujours des jeans.

"New-York 1997", c'était il y a 12 ans. Et pourtant, la dernière fois que je suis allé à Manhattan, je n'ai pas vu que l'île était devenu un pénitencier géant. Et la musique ne ressemblait pas à de la disco "futuriste".
D'après "Terminator", on est tous mort il y a une dizaine d'années.
D'après "Shadrak dans la fournaise" (de R. Silverberg), idem.
"1984" : c'est clairement du passé (mais pas dépassé), et pas de Big Brother omniscient. D'ailleurs, pas besoin de s'immiscer dans la vie privée des gens : ils s'exposent eux-mêmes en place publique.
"Cosmos 1999" : 1999 de quel calendrier ? Musulman ?
À propos de 1999 : féru d'astronomie, j'attendais impatiemment l'éclipse solaire qui aurait lieu le 11 août de cette année-là... dès 1983, me demandant alors ce que je serais devenu à cette date magique, si je serais encore vivant, si quelque catastrophe, guerre (ah les années 80, avec leur pessimisme soviéto-reaganien) ou épidémie n'aurait pas frappé l'humanité etc. Ça fait dix ans. Depuis, cette année qui fut métallique, inquiétante dans nos attentes, est devenu banale, voire moisie dans nos souvenirs. Exit le tournant du siècle. Idem pour 2000, THE date, qui a déjà pris un air vieillot - pensez-y, il n'y avait pas encore de Web 2.0 !

Pour plusieurs générations, l'échéance de l'An 2000 barrait l'horizon du futur comme un mur sombre. Ou brillait comme une ultime percée de soleil couchant. Ce n'était qu'un chiffre, mais quel chiffre ! Même pour ceux que l'avenir et son anticipation n'intéressaient pas, ce chiffre simple portait en lui tant d'espoirs ou de craintes ; pas besoin d'y réfléchir longtemps, il était là, gros comme un titre de "Ben Hur" (ou de "Life of Brian") en pierres géantes, et ses zéros ne pouvaient laisser indifférent.
Que nous reste-t-il de ce phare symbolique ?
Et surtout, en 2009, qu'est-ce qui le remplace ?
Rien. C'est mathématique : il n'y aura pas d'autre année qui excite autant l'imaginaire avant très très longtemps.
Les journaux balancent de temps en temps des dates à venir, tirées de rapports, de projections. 2045... 2027... 2080. Les scénaristes, les romanciers, les publicitaires ont du mal à trouver des dates accrocheuses. L'An 3000 ? Beaucoup trop loin. 2100 ? Bof...
Le Futur a perdu de son pouvoir de fascination.
Le XXIème siècle s'annonce déjà comme un bourbier climatique. Demandez aux gens ce qu'ils pensent de 2100 : ils ne vont pas discourir sur les autos volantes, ni sur les colonies spatiales, ni sur la médecine qui permettra de vivre 140 ans. Non. Ils vont vous parler de la fonte de l'Arctique, de la montées des eaux, de la fin du pétrole.
Ils ont raison, mais voilà justement la différence entre l'An 2000 et l'an 2100 : Le premier faisait parler le Coeur. Le deuxième, la Raison.


Pour les Français nostalgiques de Temps X : l'An 2000 tel qu'imaginé en 1979.


2 commentaires:

  1. Personne n'a laissé de réponse depuis mai 2009 ? Message intéressant pourtant. Le futur imaginé était bien plus exitant il y a 25, 30 ans. De nos jours, bonjour la déprime : réchauffement climatique irréversible, montée de l'extrémisme religieux (pour ne pas citer une religion en particulier), explorations spaciales reportées (l'avenir de l'humanité). Mesdames messieurs les dirigeants de ce monde, faîtes nous rêver, nous en avons définitivement besoin.

    RépondreSupprimer
  2. Des Paroles de Chansons qui ne Nous mennent pas en bateau,il est là l' Avenir du futur.Oui des paroles qui Nous fassent prendre conscience que La Vie,c'est autre chose que des Prières indélébiles quimarquent nos champs de vision,nos vues sur l'Actualité,nos désirs de bonheur,mais non cette espèce de désuétude dont on Nous abreuve à longueur de Journée,en Nous faisant croire que Là se cache la Vérité.il nous faut des paroles de Chanson qui prennent part de cette Actualité,non pas,voire non plus,pour dénoncer Tel ou Untel,mais qui soient là(Les Paroles)juste en Guise de Commentaires et Non Résumés,voire Analyses ou prises de Positions,sur la réalité que L'on Vit,ou Les réalités qu'on Nous Impose.Ils se Font tourner le Chambranle entre Eux,mais en échange ils n'ont rien d'autre à proposer que de se Fouttre continuellement de Nos Gueules,sous couvert qu'On Restera eencore Les Cons Qui Alimenteront Leur Système.Il Faut que ça change et faire payer-Honnêtement et sous couvert de La Justice Les Responsables des catastrophes qui détruisent petit-à-petit Notre Planète,Qui Tuent et Braconnent à Coup de Risque d'extinction d'espèces,La Nature,La Faune,La Flore et ce n'Est pas sous le coup de Commentaires ou R^portages bien pensant qu'on Y arrivera.Si Le Monde Est vraiment Solidaire,L'Agnostisme deviendra Notre Pensée Ultime,mais non pas l' Idiotie de ne Croire en Rien,sinon,L'Intelligence de Préserver ce Que L' Homme aura déjà réussi à Créer,inventer,mener à bout et ça je ne Le Dis qu'en Mon Nom!!!

    RépondreSupprimer