jeudi 17 septembre 2009

Elfes suprématistes


Depuis une dizaine d'années, voire une trentaine pour les pays Anglo-Saxons, les Elfes tels que les a décrits J.R.R Tolkien sont devenus des personnages récurrents de la littérature fantaisiste.
Il faut se rappeler que les Elfes, à l’origine (c'est-à-dire dans la mythologie scandinave), étaient des divinités mineures de la nature et de la fertilité.

Sous la plume de Tolkien, ils se sont transformés en créatures surhumaines, en ce sens qu’ils sont humains par leur aspect mais :
- Plus beaux
- Plus sages / intelligents
- En meilleure santé : en fait ils sont carrément immortels !

Des supermen, donc, la quintessence de la noblesse et de l'humanité parfaite, et accessoirement… blancs. Blonds aussi, sinon brun mais à la peau claire comme une pleine lune.

On sait que Tolkien est né en Afrique du Sud en 1892, et par conséquent qu’il ne devait pas avoir l’ouverture d’esprit d’un Johnny Clegg, mais personne ne lui jettera la pierre : il n’y pas de critères absolus pour la tolérance, seulement une mesure relative. Relative à l’époque, et au lieu. À ce petit jeu, on pourrait taxer Arthur Rimbaud de racisme, ainsi que la plupart des penseurs et artistes du 19è siècle, y compris… Abraham Lincoln, qui aimaient les Noirs comme un défenseur des animaux aime les chiens.

Ce ne sont pas Tolkien et ses Elfes nazillons qui me gênent, non, mais plutôt qu’en 2009 on continue à perpétuer ce mythe vaguement puant de blanc celtoïde = noble. Et dans des livres à large diffusion ou pire, pour ados.
La recette du roman de fantasy est simple : il faut des dragons, des hommes, des orcs ou autres bestioles rugueuses et sanguinaires, et des Elfes über alles. Colériques et hautains, les Elfes, mais ce sont des défauts moins graves que… fainéants et traîtres.
Et alors, direz-vous ? Eh bien, je crois que le politiquement correct de notre époque n’a fait que balayer le racisme latent des gens sous le tapis de la civilisation. Comme les « bonnes » têtes blondes qu’on trouvait dans des romans pas si vieux que cela sont devenues taboues, on recourt plus ou moins inconsciemment à des créatures fantasmées pour « rétablir l’ordre ».
Bien sûr, rien n’est moins tranché que cela ; ce ne sont qu’une partie des romans appartenant à une catégorie précise. Mais la fantasy n’a jamais eu autant de lecteurs !
Et même si on me présente un bouquin avec des Elfes à la peau noire de jais et nobles et beaux et braves, je persisterai à dire qu’ils confirment mes craintes : les Amazones sont bien sorties d’esprits … misogynes !

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